Un savoir-faire de concepteur Des réalisations pleines d’assurances dans un cadre agricole

1.Maaf : un assureur au cœur du bocage...

Les principes d’aménagement des espaces extérieurs du nouveau bâtiment Zéphyr de la Maaf à Niort (79) ont reposé sur son intégration et celle des 400 places de stationnement dans un paysage agricole. De larges noues plantées de végétaux vivaces adaptés à l’hydromorphie, mais aussi aux périodes de sécheresse, recueillent les eaux de pluie du parking. La palette arborée a été sélectionnée en allant du plus naturel au plus ornemental, à mesure que l’on avance vers le centre de la parcelle : Acer campestre ;Populus tremula ;Sorbus torminalis et Prunus avium ‘Plena’ ; Acer rubrum ‘Schlesingeri’ ; Zelkova serrata.

Les clôtures de ce site ont été masquées par des haies bocagères installées de part et d’autre. Afin de créer une zone tampon entre le bâtiment et la zone pavillonnaire voisine, un petit parc paysager a été aménagé avec des arbres tiges de calibre 16/18 à 20/25. Son nivellement a été travaillé de manière à offrir un lieu de promenade et de repos. Au centre du bâtiment Zéphyr, l’aménagement d’un patio central libère la vue depuis les bureaux et constitue un espace de rencontre.

La certification BREEAM* « Very Good » du site (récompensé par ailleurs d’une médaille d’argent aux Victoires du paysage 2018, catégorie entreprises) impliquait la réalisation d’un projet avec un impact environnemental minimal et, de ce fait, le réemploi des terres. Pour l’entretien des espaces végétalisés, seul le patio dispose d’un arrosage automatique, contrôlé par sonde tensiométrique et alimenté par les eaux de ruissellement des toitures récupérées dans une cuve de 60 m³, utilisées aussi pour les toilettes du bâtiment. Les cheminements du parc ont été réalisés en mulch de chêne broyé fin pour rendre cette surface perméable tout en restant confortable à la marche.

… et un campus arboré pour le siège !

Dans le cadre de la réhabilitation du bâtiment Dauphin, le principal de la Maaf, la mission confiée à Scape consistait à définir un nouveau rapport aux extérieurs . « Le parti pris a été de proposer des espaces de travail et de rencontre variés, à la manière d’un campus arboré. Un travail sur le nivellement des bâtiments, dont le R-1, a donné un accès direct vers l’extérieur. Le nouveau parvis intègre toutes les contraintes liées aux accès pour les personnes à mobilité réduite et les pompiers, ses lignes épurées favorisent une lecture claire des circulations tout en mettant en scène l’entrée du bâtiment. »

En plus d’offrir un lieu de repos, le jardin d’ombre favorise l’intégration de l’accès technique pour les poids lourds. Là où se trouvait un parking de 40 places, le traitement paysager gomme cette contrainte par la création d’un espace planté faisant écho aux boisements situés plus au nord. La terrasse du Soleil est longée de talus plantés de vivaces et d’arbres. Elle est aménagée dans le prolongement des espaces de détente intérieurs. Le mobilier extérieur forme plusieurs espaces de rencontre, avec des banquettes en béton bordant les talus plantés. Cette terrasse offre un espace de détente et de réunion pour les salariés tout en permettant­ l’accès des véhicules de pompiers et la place pour effectuer leurs manœuvres .

2.MAIF : des ateliers
participatifs

Pour le siège social de la MAIF, toujours à Niort, le projet concernait la requalification de la terrasse-jardin au cœur du site, à la suite de la mise aux normes du système de désenfumage des bâtiments situés dessous, nécessitant la réalisation d’une dizaine d’édicules. L’aménagement réalisé dans les années 1980 ne correspondait plus aux attentes actuelles. De plus, lors de l’été 2020, l’ensemble des arbustes et le gazon avaient entièrement grillé, l’arrosage automatique n’étant plus utilisé depuis plusieurs années pour des raisons environnementales. La maîtrise d’ouvrage souhaitait le déploiement d’usages variés, notamment pour permettre aux salariés de disposer de nouveaux espaces de détente ou de pause déjeuner. La composition générale a été travaillée lors d’ateliers participatifs avec les services espaces verts présents dans ce site (six jar­diniers) ainsi qu’avec le service Immobilier et moyens généraux de la MAIF. Elle s’appuie sur une palette variée, adaptée aux conditions séchantes, avec 1 800 arbustes (cistes, myrtes, pittosporums…), 2 600 graminées (Calamagrostis x acutiflora ‘Karl Foerster’, Melica cilliata, Sesleria autumnalis, Stipa capillata) et 10 700 vivaces (Centaurea bella, Dianthus arenarius, Geranium macrorrhizum ‘Jördis’, Nepeta ‘Six Hills Giant’, Œnothera berlandieri, Pratia pedunculata, Thymus doerfleri).

3.Granzay-Gript : freiner la circulation par le végétal

À l’occasion de l’enfouissement de ses réseaux, la commune de Granzay-Gript (79), 903 habitants, s’est fait accompagner par le CAUE** 79 pour réfléchir au réaménagement de la route départementale qui la traverse. L’agence Scape a été mandatée pour assurer la maîtrise d’œuvre du projet. L’objectif premier était d’abaisser la vitesse sur cet axe circulant (10 000 véhicules par jour, dont 650 poids lourds), pouvant accueillir occasionnellement des convois exceptionnels, ce qui implique de ne pas avoir d’obstacle à moins de 1,50 m du bord du trottoir. Le second objectif était de donner de la visibilité à une vieille bâtisse pour développer un commerce de proximité.

La mise en place d’une démarche participative avec les habitants et les élus a été bénéfique pour permettre l’appropriation de tous. Elle a conduit à la suppression des véhicules stationnés sur le trottoir côté est, afin de ne pas renforcer le caractère routier de la voie. Le rétrécissement de la chaussée à 5,50 m a dégagé des espaces, à planter. « La végétalisation améliore le cadre de vie des riverains et l’implantation, presque incongrue, de bancs et de chaises participe aussi à la volonté de montrer aux véhicules de passage qu’ils traversent un bourg vivant et piétonnier », explique Nicolas Cognard. Des arbres ont été positionnés partout où cela était possible, en prenant notamment en compte les réseaux. Ils séquencent l’axe et incitent à une conduite apaisée. Proche de l’arrêt de bus, un arbre majeur – un chêne à feuilles de saule – a été planté dans des conditions lui assurant un plein développement afin que, d’ici quelques années, il devienne un repère pour le bourg. Pour ancrer ce rôle dans les esprits, un atelier d’écriture a été réalisé avec les élèves de CM1-CM2, puis le texte a été mis en valeur par une il­lustratrice­ et enfin installé auprès de l’arbre. En complément, les habitants ont été invités à adopter des plantes de pieds de mur, mis en place dans le cadre d’un chantier participatif.

4.Saint-Germier : un parc
autour d’un étang

Nicolas Cognard accompagne depuis 2016 la petite commune de Saint-Germier (79), 250 habitants, dans l’objectif d’aménager un parc autour d’une ancienne retenue collinaire désormais gérée par la collectivité. Le projet concerne cet étang dont le rayonnement a vocation à devenir intercommunal, mais aussi le bourg, ce qui l’a conduit à développer un schéma directeur global avec notamment une réflexion sur les relations entre les différents équipements (parc, mairie, place, four à pain et église). Le travail s’appuie sur une vaste concertation avec la population et les élus, afin de cibler les problématiques et les enjeux majeurs puis de hiérarchiser les travaux pour étaler les dépenses­. Parmi les travaux prioritaires ont été retenus : le renforcement des berges, la création d’une aire de jeux et d’un espace de rencontre couvert, la création de cabanes à hérissons à l’aide des arbres abattus. La réalisation d’un cheminement autour de l’étang devrait voir le jour prochainement.

Yaël Haddad

*Building Research Establishment Environmental Assessment Method, certification britannique très utilisée à l’international.

**CAUE : Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement.